Un film tourné dans les ruines de Notre-Dame
Notre Dame a beaucoup souffert pendant la Seconde Guerre Mondiale et d'importants travaux ont été entrepris. Mais savez-vous que le 25 juillet 1964, ses ruines ont servi de cadre pour une séquence d'un film? Il s'agissait de « Week-end à Zuydcoote », réalisé par le metteur en scène Henri Verneuil. Les acteurs Jean-Paul Belmondo et Georges Géret « tuèrent » deux espions allemands déguisés en religieuses, eux-mêmes étant des soldats français de 1940. Voila pour l'anecdote.
Mais pour l'histoire, rappelons que, avec la tour du Guet, l’église Notre-Dame constitue le seul vestige du passé médiéval de Calais.
Vidéo du tournage en 1964
Les coulisses du film
[Musique, des soldats discutent sur une plage, on voit quelques plans du décor.]
Voix off :
En ce moment sur les plages de zuydcoote près de dunkerque le cinéma tente de reconstituer l'atmosphère de 1940 lorsque troupes françaises et britanniques refluaient en désordre sous la poussée allemande pour tenter de gagner l'Angleterre.
[Une femme apparaît à l'écran.]
Le journaliste :
Mademoiselle Nigoule, vous êtes médecin chef de l'hôpital maritime de zuydcoote et vous vous trouviez là en 1940 au moment des événements. Retrouvez-vous une atmosphère qui soit proche?
Mademoiselle Nigoule :
oui, certaines choses, certaines choses, certainement. Ce qu'on voyait de loin. Mais évidemment ce qui se passait sur la digue du sana, non, pas tout à fait. Quand les soldats se sont aplatis dans les dunes, oui. À ce moment là, quand on était bombardé par l'aviation allemande, à ce moment là, on voyait des anglais où les français qui étaient en train de s'embarquer devant le sana et qui se dissimulaient dans les dunes pour échapper aux avions.
[Vues sur la plage et les figurants.]
Voix off :
Rendu célèbre par le roman de Robert Merle "week end à Zuydcoote" titre qui est également celui du film, le sanatorium encore à moitié détruit abrita jusqu'à douze mille blessés.
Mais sur les plages et les dunes ce sont des soldats de cinéma qui leur ont succédé. Ou plutôt des soldats pour le cinéma, car à part quelques figurants, l'armée est venue prêter main forte au metteur en scène et à son équipe.
[Plan sur le journaliste et Henri Verneuil qui roulent dans une jeep.]
Le journaliste :
Henri Verneuil, quelle impression ça vous fait-il de diriger non pas seulement des acteurs, mais aussi des soldats, des gendarmes, enfin tout un appareillage militaire assez impressionnant?
Henri Verneuil :
l'impression est très agréable parce que je suis très gâté dans ce film. J'ai trois mille hommes de troupe. Tout le matériel abandonné que vous voyez sur la plage, est un matériel d'époque qui a été mis à notre disposition par l'armée. Nous avons les Messerschmitt, les Stuka, les navires de guerre, les chalutiers. Enfin, toutes les embarcations qui doivent servir pour transporter les troupes de la côte française à la côte anglaise.
Le journaliste :
Vos responsabilités sont accrues. Vous devez vous sentir encore plus tenu vis-à-vis non seulement des producteurs, mais aussi du public?
Henri Verneuil :
Oui, c'est à dire que c'est un film où chaque plan pose énormément de problèmes. l'angle de passage des avions, le public ne doit pas oublier que ce n'est pas un documentaire que nous faisons mais que nous racontons une histoire.
Voix off :
Cette histoire mise en image cinémascope et couleurs par Henri Decae, est directement sans doute inspirée du roman de Merle qui relate la rencontre de quatre camarades de guerre. Jean-Paul belmondo y incarne Maillat désabusé et étranger à cette guerre qu'il trouve absurde. François Perrier est Alexandre le bon vivant débrouillard et sans problème. Jean-Pierre marielle, l'abbé ayant momentanément troqué la soutane pour l'uniforme et Pierre Mondy, Déry, le combinard sensible avant tout à l'argent. C'est le hasard qui les a réunis sur la plage de Zuydcoote.
une scène se tourne :
Moteur, 458, huitième. Allons-y!
l'abbé : Tu connais la nouvelle? Déry nous a quitté.
Alexandre : ah, celui là, avec ses millions! N'empêche qu'il a eu une bonne idée de nous envoyer Pinot. Moi je l'aime bien le gars Pinot.
Maillat : fous moi la paix, tu veux, avec Pinot et son FM.
Alexandre : bon dieu, mais alors bon on peut plus rien dire ici ou quoi! Qu'est ce que t'as?
Maillat : merde!
[il se lève et renverse la réserve d'eau pour le café]
Alexandre : Ça y est; l'eau du café. Tu peux pas faire attention Bon dieu! Maintenant t'iras la chercher toi-même hein.
Voix off :
Avant de tourner cette scène Jean-Paul Belmondo a démontré avec Jean-Pierre Marielle une absence totale de concentration.
[les 2 acteurs luttent amicalement sur le sable]
Une décontraction qui lui est bien particulière et à propos de laquelle il est bon d'avoir son avis.
Jean-Paul Belmondo :
Que fait un acteur avant? Finalement ça n'a aucune importance. Ce qui compte c'est ce que les gens vont voir sur l'écran. Alors il ya des types qui se concentrent beaucoup à l'avance et c'est très bien sur l'écran, ils ont besoin de ça. D'autres sont plus détendus et des fois on peut être très détendu et très mauvais aussi.
Le journaliste :
C'est une question de tempérament.
Jean-Paul Belmondo :
Oui, je crois que c'est ça. En fait, je crois que c'est un peu en sport aussi. Vous avez des des athlètes qui sont très très décontractés avant un match et il y en a d'autres au contraire il faut qu'ils se concentrent dans les vestiaires.
Le journaliste :
Peut-être pour vous cela est dû au fait que vous avez pratiqué la boxe?
Jean-Paul Belmondo :
Oui peut-être, mais en sport, je crois que le sport est quand même à base de décontraction. Je crois que ça m'a servi dans le métier d'acteur.
Le journaliste :
Oui, il y a une rencontre très heureuse entre votre nature est ce que vous avez à faire.
Jean-Paul Belmondo :
Ben je sais pas. Par exemple ça vient, il ya des métiers ou ça n'irait peut-être pas très bien. Je crois que dans l'administration, j'aurais pas fait carrière parce que. Je dis ça parce que l'autre jour, je suis passé à la douane et le douanier m'a reproché d'être très décontracté. Alors je présume que j'aurais pas pu être douanier quand-même. Y doit pas falloir être décontracté.
Voix off :
Que la décontraction de Jean-Paul Belmondo ne transforme pas pour vous en partie de plaisir, un tournage qui exige constamment de gros efforts de la part de toute l'équipe. Ce qui ne supprime pas pour autant et fort heureusement les moments de détente. Ici Jean-Paul Belmondo et François Périer répète à la blague la scène que vous verrez dans un instant et c'est le digne Jean-Pierre Marielle qui va faire les frais de l'opération.
[pendant la répétition et à plusieurs reprises, les 2 acteurs tentent d'arroser J-P Marielle]
Mais revenons maintenant aux choses sérieuses.
week-end, 458 neuvième :
Alexandre : ça s'est passé comme ça, c'est tout. Te casse pas la tête. La guerre c'est jamais très propre. Allez, je vais faire du café.
Maillat : non, laisse, c'est mon tour d'aller chercher de l'eau.
Alexandre : ah, tais-toi.
Maillat : laisse, j'te dis. C'est mon tour, c'est moi qui l'ait renversée.
L'abbé : vous êtes plutôt marrant tous les deux.
Alexandre : donne-moi ça!
[Alexandre s'éloigne avec le seau]
L'abbé à Maillat : dis donc, qu'est ce que tu vas faire
Maillat : pourquoi? Tu veux que je me mette en règle? C'est ça qui te tracasse l'abbé. Faudrait que je te l'amène, tu fais un petit truc en latin et pan, ça y est, tout est en règle?
L'abbé : mais non, je voulais simplement savoir ce qu'elle allait devenir. C'est tout.
Le journaliste :
[Un plan est fait sur François Périer qui se dirige vers le journaliste] François Périer, vous voilà transporté tout d'un coup de la scène de la Michodière sur les plages de Dunkerque ça a été très soudain je crois
François Périer :
Oui c'était du jour au lendemain. Je dirais même de la nuit au matin. Après la représentation de l'autre samedi, je suis venu pour tourner dès le dimanche ici.
Le journaliste :
Il y a une circonstance très heureuse pour vous. C'est que la pièce est interrompu jusqu'à la rentrée, ce qui vous permet de vous consacrer au film.
François Périer : Oui, sans ça je n'aurais pas pu le faire évidemment.
Le journaliste
Parce que c'est à dunkerque mais en admettant que le film se soit tourné à Paris, auriez-vous alterné? C'est-à-dire, auriez-vous tourné le jour pour jouer au théâtre le soir?
François Périer :
Non. Exceptionnellement il m'arrive de le faire. Je l'ai même fait beaucoup dans le passé. Mais ça n'est pas souhaitable pour un comédien car il est tout de même très difficile de passer d'un personnage qu'on a interprété toute la journée, à un personnage qu'on interprète le soir sur la scène. De plus il ya tout de même une très grande différence entre l'expression cinématographique et l'expression théâtrale. Alors je ne pense pas que cette gymnastique soit très bonne pour le comédien.
Le journaliste :
Vous semblez donc indiquer d'après ce que vous venez de dire, qu'il est nécessaire pour vous de vous mettre en condition pour un rôle.
François Périer :
Oui bien sûr. Diderot a merveilleusement parler de notre profession. Je crois que la seule remarque qu'on puisse faire, c'est que, il n'a pas exercé notre profession. Et je crois que ça se sent un petit peu dans son ouvrage qui est tout à fait remarquable par ailleurs. Au fond, nous sommes une espèce de poche, une espèce de vase, une espèce d'enveloppe que le personnage vient habiter. Et quand vraiment nous avons permis au personnage de bien pénétrer, et bien c'est la réussite. C'est ce qu'on appelle la rencontre du comédien et des rôles.
Voix off : Vous allez assister maintenant à une scène importante vue par nous et non comme dans le film. Scène au cours de laquelle, François Périer et ses camarades échappent de justesse à une attaque aérienne.
Ainsi, après les anglais qui au cinéma ont vu à leur façon la bataille de dunkerque, c'est aujourd'hui 24 ans après, le tour des français de consacrer un film important, un événement qu'ils ne sont pas prêts d'oublier.
[Musique]
Termes et conditions
Signaler