mais autrement?
Silhouette du moulin de Coquelles entre ciel nuageux et champ de colza.
photo Pierre Pruvot

Le moulin sur pivot (ou chandelier) de Coquelles

SOMMAIRE

Les moulins
André Darré
Le moulin Michel
Et aujourd'hui?

Les moulins

Un peu d'histoire

Certains historiens du moulin tiennent pour acquis l'avènement du moulin à eau d'après les écrits de Vitruve (vers 25 avant J.C), ingénieur public au service de César puis d'Auguste. Claude Rivals n'en croit rien 1. Il soutient que le petit moulin à roue horizontale a précédé de plusieurs siècles celui de Vitruve. Philippe Fleury le rejoint en écrivant que l’invention du moulin à eau pourrait remonter au IIIème siècle av. Jésus-Christ. Le moulin à vent, lui, serait apparu en Orient entre le VIème siècle et le début du VII, et à la fin du XIIème siècle en Normandie, pour notre pays.

Les différents types de moulin

On répertorie quatre principaux modèles de moulin :

  • Le moulin à eau

Comme son nom l'indique, ce moulin utilise le courant d'un cours d'eau ou d'un bief (canal de dérivation) pour transmettre l'énergie à la roue qui entraîne le mécanisme et la meule. Si son usage premier était de moudre des céréales, il a aussi servi comme moulin à scier, à foulon (pour battre le drap) ou métier à tisser, forge ou encore moulin à papier. L'utilisation des retenues d'eau est au cœur d'un conflit depuis quelques années entre propriétaires, associations de défense des moulins, écologistes et l'État dans le cadre de la protection du milieu aquatique et de la continuité écologique.

  • Le moulin bateau, moulin nef ou moulin flottant

Le moulin-bateau est un moulin statique sur une rivière ou un fleuve qui utilise l'énergie du courant pour faire tourner sa roue et donc actionner des meules. Il a connu différentes variantes selon son lieu d'amarre : monocoque, une roue, deux roues, double coque...
Attaché à un pieu ou une ancre au fond de la rivière, ou encore à un pont, il avait l'avantage de pouvoir se déplacer pour trouver un plus fort courant d'eau. Sauf que de fait, il entravait la circulation des autres bateaux. De plus, les chaînes de fixation et les digues des moulins bateaux étaient sources d'accidents et de conflits.

  • Le moulin à marée

Le moulin à marée fonctionne comme ...... un moulin à eau. Il est tentant de s'imaginer qu'il utilise le flux et le reflux. En réalité, à marée montante, la roue est immergée et l'eau pénètre dans un bassin de réserve où elle est retenue par un système de portes. À marée descendante, lorsque la mer s'est totalement retirée, le meunier ouvre ces portes pour évacuer l'eau, ce qui actionne la roue.

  • Le moulin à vent

Il existe une très grande diversité de moulins à vent liée en partie aux caractéristiques régionales comme l'emplacement, les vents dominants, l'usage, etc. Ils peuvent être en pierre, en bois, en brique; sur pivot, moulin cavier, moulin tour cylindrique, octogonale. Autant de particularités à retrouver dans cette galerie.

Quelques statistiques

Les guerres, quelles qu'en soient les époques, ont souvent été fatales aux moulins. Et même lorsque ceux-ci appartenaient aux seigneurs 2. La Révolution a aboli les privilèges et une première enquête pour recenser les moulins est diligentée de 1794 à 1809. Bien que lacunaire, elle reste cependant très intéressante et l'ensemble des statistiques est consultable sur https://data.culture.gouv.fr.

Le développement de la machine à vapeur, du gaz, de l'électricité vont être les premiers responsables du déclin des moulins. Puis, beaucoup d'entre eux disparaîtront lors de la guerre 14-18. Points de ravitaillement ou postes stratégiques d'observation, ils seront dynamités ou bombardés pour l'une ou l'autre de ces raisons.
L'enquête de l'Armée en 1917 le confirme : dans notre département, il ne reste plus que 325 moulins à farine contre 1034 en 1806. Sur ce total, 69 sont des moulins à vent, 204 à eau, les autres (minoteries) utilisent vapeur, électricité ou gaz.

André Darré

 

André Darré sur les marches de son moulin (1938) - Le déploiement des toiles sur les ailes (1974)

Naître ou ne pas être

C'est ce qu'il ressort des enquêtes et entretiens réalisés par Claude Rivals 3. Les meuniers interrogés expliquent qu'il faut être "né meunier" et baigner dès la plus tendre enfance dans la meunerie pour en comprendre toutes les clefs et les mystères. Selon eux, cet apprentissage s'acquiert d'abord enfant, dans le quotidien du moulin et de la famille, les deux étant fusionnés. Ainsi les anecdotes, les accidents, les rapports avec les clients, l'aide entre amis, les considérations économiques ou technologiques évoquées durant les conversations au moulin façonnent l'enfant futur meunier. Vient ensuite le long et lent apprentissage du métier qui démarre généralement vers l'âge de 14 ans. Et il n'est pas rare d'atteindre la trentaine avant de pouvoir devenir meunier. Certains viennent aussi au moulin sans y être né, en épousant la fille du meunier ou encore en devenant garçon-meunier 4, garde-moulin 5 ou chasse-manée 6.

Le moulin de Coquelles

On sait qu'il existe depuis très longtemps un moulin à farine à Coquelles. Mais sans documents écrits, baux de vente ou de location, impossible d'affirmer avec précision qui en était propriétaire et à quel moment. Cependant les registres paroissiaux, l'état-civil, les cartes anciennes, les recensements, etc, nous apportent des renseignements supplémentaires. Ainsi nous découvrons que :

  • Sur une carte du Calaisis sous la domination anglaise de 1346 à 1558 7 figure le croquis de moulins à vent à Coquelles/Calkwell, Coulogne/Collam et Frethun/Froyton.
  • La carte établie par Nicolas Nicolay (1517-1583) : "Nouvelle description du païs de Boulonnois, comté de Guines, terre d'Oye et ville de Calais , indique la présence de moulins à vent à Coquelles, Calais, Marck, Hames, Fiennes.
  • Sur la carte de Jean Blaeu (1596-1673) : "Le gouvernement de Calais et pays reconquis", on trouve des moulins à vent sur Waldam, Coulogne et Fiennes, mais pas à Coquelles.
  • 1737 - l'acte de baptême d'Antoine Merlen le 28 janvier à Coquelles, nous apprend que son père Antoine est propriétaire en partie du moulin.
  • 1746-1786 - le moulin figure sur la carte de Cassini pratiquement à son emplacement actuel.

  • 20 mai 1800 - acte de mariage de Pierre Philippe Marie Triquet, meunier à Coquelles, et de Marie Catherine Peuvion de Saint-Tricat, fille de feu Louis, (meunier en 1769 déjà à Saint-Tricat). Les témoins sont Jean Marie et Louis Marie Triquet, frères de l'époux, tous deux meuniers à Coquelles. L'épouse est accompagnée elle aussi de deux de ses frères : Joseph Peuvion, meunier, domicilié à Saint-Tricat et Jean Charles Peuvion, meunier, domicilié à Guînes. La naissance de leur fille Marianne en 1803 dont le 1er témoin est Jean Baptiste Triquet, meunier, nous confirme la profession du père
  • 1807 - mariage de Jean Louis Marie Triquet, meunier, Coquelles.
  • 1836 - succession de Jean Louis Marie Triquet, meunier, Coquelles.

Il est facile de constater grâce aux registres paroissiaux et aux différents recensements, que la famille Triquet a occupé le moulin pendant au moins une quarantaine d'années et il y a fort à parier qu'elle en était propriétaire. Quant à la propriété par la famille Darré, on a pu lire que le dernier représentant de la famille Rohart-Parenty, un dénommé Félix, a vendu le moulin à François Darré-Vasseur peu avant 1900. En réalité, si Félix Rohart vend effectivement un morceau de terrain à François Darré en 1908, c'est Louise Barra épouse Boutroy, petite-fille du couple Rohart-Parenty qui vend le moulin en 1907 à François Darré-Vasseur :

acte notarié du 15/06/1907
Achat d'une parcelle de terrain de la contenance de 50 ares 80 centiares située à Coquelles lieu dit Les Hauts Champs, sur laquelle existe un moulin à vent et diverses constructions par Monsieur Darré à Monsieur Léon Boutroy-Barra, propriétaire demeurant à Sangatte suivant acte reçu par Maître Duriez.

source : Monsieur et Madame Dumont-Darré - acte de Maître Duriez, 7 rue de l'Hospice, Calais, successeur de Maître Vermeesch

La boucle est bouclée car François Darré et Léon Boutroy ont des aïeux communs, le couple Jacques Boutroy X Marie Antoinette Parenty.

Une tradition familiale récente

Le tableau des recensements entre 1821 et 1936 (PDF) nous apprend qu'à Coquelles, le premier Darré devenu meunier est François Darré-Vasseur 8. Il est garçon-meunier pour Félix Leroy entre 1866 et 1872. Et s'il n'apparaît pas lors du recensement de 1876, c'est qu'il est garde-moulin à Oye chez Polycarpe Hubert.
De retour à Coquelles, il est garçon-meunier chez Henri Buret en 1881 et 1886. Il exploite après cette date le moulin pour son propre compte.
En 1901, son fils François (°1883) travaille chez lui sans qu'on puisse lire ce qu'il y fait, le document étant abimé. Les meuniers, comme les autres, n'échappant pas à la conscription et au tirage au sort, François effectue son service militaire de novembre 1904 à juillet 1907. Au recensement de 1911, il est garçon-meunier chez son père. En 1909, il a épousé Marie Douriez et en 1912 et 1914 naissent André et René. La relève semble assurée.

Le 8ème régiment d'infanterie sur les remparts de Calais

Une tradition contrariée

Mais le conflit de 1914-1918 s'en mêle, et si le moulin échappe à la destruction, François (°1856) va perdre son fils, Jules François Clément. Ce dernier, sergent au 8ème d'infanterie, est tué au combat le 12 septembre 1916. Quelques mois plus tôt, le 9 mai, Florentin Bigot, l'unique gendre de François, est mort à Verdun. Il reste au moulin une fille, une bru et des enfants en bas âge. François Darré-Vasseur reprend du service. Entre 1922 et jusqu'au moins 1929, il louera le moulin à Élie Bigot son garçon-meunier 9.
Au recensement de 1931 alors qu'il a 75 ans, il y apparaît de nouveau comme meunier, accompagné d'André, son petit-fils. Le vieux François décède en 1936. La Première Guerre Mondiale lui a beaucoup pris, la mort lui épargnera la vue du moulin détruit lors du second conflit.

Le moulin Michel

Crochte

En 1939, André Darré comme beaucoup d'autres est mobilisé. À son retour en 1941, le moulin a disparu. Il a servi de refuge à une équipe de marins français commandés par l'enseigne de vaisseau Cordreaux et de repère pour les canonniers anglais 10. Les allemands l'ont dynamité en mai 1940 en représailles.
André est déprimé, mais il va s'accrocher et s'obstiner. La minoterie que l'État lui propose au titre des dommages de guerre, il n'en veut pas. Lui, il veut un vrai moulin comme celui qu'il a toujours connu. Alors le maire de l'époque, Abel Mobailly, le secrétaire de mairie, Michel Grassien et les habitants du village vont se mobiliser pour l'aider à retrouver un moulin. La disparition des moulins, c'est aussi la disparition de savoir-faire et aucun charpentier ne veut se charger de la construction. On cherche donc un moulin à acheter et grâce à l'aide de deux charpentiers de moulin Eugène Roos et Achille Lejeune, on en trouve un à Crochte : le moulin du Nieppe. "Il coûtait le dixième de ce qu'offrait les services du ministère de la reconstruction" annonce Abel Mobailly11. Il appartient à la famille Deconninck, meuniers depuis plusieurs générations. C'est Michel, le dernier meunier de la famille qui en 1951 signera l'acte de vente dans l'état "d'un moulin en bois, posé et non scellé, sur pierres et qui comprend : une chambre de meunerie, deux paires de meules, un aplatisseur et un nettoyeur. Deux ailes seulement sont sur le meuble."

Le moulin de Crochte est un moulin traditionnel flamand. Ce genre de moulin en bois est plus rapide à construire qu'un moulin en dur, moins cher, démontable et installable presque partout. "Il date de 1753, réfectionné en 1771 par le charpentier Pickaert qui a signé son travail sur le frein" nous dit Nelly Mulard dans un article de 1976 12.

L'arrivée à Coquelles

Si la recherche n'a pas été facile, le transport s'est révélé tout aussi compliqué. Nous sommes après guerre, les moulins à vent, en bois et en état de fonctionnement ne sont pas nombreux. Les habitants se mobilisent fortement en prêtant leur voiture ou encore en offrant des bons d'essence. Les routes et les ponts ne sont pas tous reconstruits et il faut prévoir le bon itinéraire, demander les autorisations nécessaires explique Michel Grassien 13. Enfin, en juin 1952, les 60 tonnes du moulin sont transportées en morceaux jusqu'à Coquelles par les Établissements Honoré de Les Attaques. Le moulin est reconstruit mais différement de celui d'origine, sans la cavette qui recouvrait le piédestal. Sur le coffre du moulin, des tôles remplacent les ardoises en chêne trop chères et pratiquement introuvables. La mort des charpentiers va endeuiller l'histoire du moulin qui ne sera jamais inauguré. Il sera cependant baptisé selon la tradition flamande et aura pour parrain et marraine Abel Mobailly et Madame Grassien, épouse du secrétaire de mairie. Il portera le prénom de son dernier meunier et du secrétaire de mairie, Michel.

La production de farine

Nous l'avons vu plus haut, les moulins à vent ont commencé à disparaître vers 1870 en raison de la concurrence de la machine à vapeur et l'apparition des minoteries suivi du conflit de 14/18.
André Darré l'aime ce moulin! Qu'est-ce qui peut expliquer l'attachement d'un homme à son moulin? Le besoin d'effacer les blessures de la guerre et l'envie comme beaucoup d'autres de revenir à un "monde d'avant"? Celui de conjurer le sort car si la Seconde Guerre Mondiale lui a pris le moulin, la première lui a pris son père? La confirmation grâce à celui qu'il appelle son compagnon de vie, d'être lui-même encore en vie, le moulin comme un pansement sur ses blessures?
Et ce métier de meunier, il faut l'aimer aussi. Il demande de la force physique pour manipuler les sacs de grains ou de farine. L'air est chargé de poussières favorisant le développement de maladies respiratoires, de saignements de nez chroniques, d'allergies. Il demande du courage aussi car ce moulin, c'est un bateau qui roule et qui tangue quand le vent lui gonfle les ailes.
Peu importe la raison, André reprend du service et le moulin revit.  Et à une époque où cela n'est pas à la mode, il se fait précurseur en produisant de la farine bio, avec des blés naturels arrivant de la Nièvre, du Cher ou encore de Saône et Loire. La maison Lemaire, spécialiste de l'alimentation et de diététique a signé un contrat avec lui. Il travaille aussi pour une autre société de la maison Lemaire, les moulins de Jarry.
Mais déjà en 1966, André Darré explique les difficultés à vivre de son métier:

"Cette année, je n'ai pas encore moulu quinze quintaux de blé, alors que j'ai un contingent de quinze cents. Il y a toujours du vent dans la région, mais les paysans vendent maintenant directement leur grain à la coopérative. Il me faudrait un silo pour stocker. C'est au-dessus de mes moyens. Tout ce que je gagne passe à l'entretien du moulin."

source : J.Canevelle

Restauration et tempête

Le moulin original a été abattu par un cyclone entre 1800 et 1804, puis rebâti par la famille Triquet. En 1940, il est détruit par les allemands. Le moulin Michel, quant à lui, voit une de ses ailes emportée par une bourrasque en 1953, elle est remplacée. En 1968, nouveau problème d'aile, presse régionale et radio permettent de trouver chez un ancien meunier, M Renaux de Crespin, la pièce nécessaire. En 1996, le moulin perd à nouveau une aile, il est inactif. En 2006, une nouvelle campagne de restauration est soutenue par le Crédit Agricole Nord de France, la Fondation du Patrimoine et la Région. Les ailes sont changées en 2007 grâce à l’intervention d’un charpentier belge, Eric Van Leene.

Le moulin n'est ni abandonné ni délaissé par son meunier comme on peut le constater sur les images précédentes. Mais, comme les autres moulins, il subit l'usure du temps. En 1975 et en 1976, deux chantiers organisés par l'ARAM lui redonne un "coup de jeune". Le coffre du moulin est brossé et protégé de carbonyle, la toiture retrouve de nouvelles tôles, le piédestal est lui aussi protégé, la partie du coffre exposée au vent est recouverte de bardeaux de châtaignier en remplacement des tôles.

En 1978, une tempête abat le moulin. Un énorme mouvement de solidarité (médias, Ministères de la Culture, de la Jeunesse et des sports, O.C.D.E, coopératives scolaires, associations et organismes divers, particuliers...) permet dans un laps de temps record, de récolter les fonds et le matériel nécessaire à la reconstruction. Jean Bruggeman, président de l'ARAM a qui sont confiés ces fonds, écrit que dès décembre 1980, le moulin pouvait déjà moudre 14.

Et aujourd'hui?

Un monument classé

Le moulin de Coquelles a été inscrit au titre des monuments historiques le 14 novembre 1977. Et monument, il l'est, encore et toujours! Il est impressionnant. À ses pieds, on hésite entre respect et crainte. Un moulin, ça parle à nos coeurs et à nos mémoires, héritage probable du temps où le pain était la base de notre alimentation.

Une disparition annoncée

 En 1980, le moulin n'a pas été reconstruit à l'identique et il connaît de gros problèmes de fonctionnement. Certes, il moud, mais il moud mal. Michel Grassien, maire de Coquelles, explique que "les charpentiers qui le reconstruisent (et dont la valeur personnelle est indéniable) ne sont pas des spécialistes des mécanismes intérieurs". Les meules mal positionnées et la bluterie disparue de son emplacement initial empêchent le meunier de moudre convenablement. Jean Bruggeman invite deux adhérents beaucerons, meuniers de profession, en soutien. Mais hélas, ils n'arrivent pas à solutionner le problème. Nous sommes en 1983, André Darré, tenace, n'a pas lâché et il essaie toujours de résoudre le problème, avec le concours du commis de l'architecte municipal, d'un menuisier bénévole et d'un boulanger calaisien qui lui achète sa farine. Rien n'y fait et cette fois il faut vraiment abandonner. André avait un rêve, celui de voir ses petits-fils reprendre la succession.

Aujourd'hui, le moulin se dégrade. C'est un fait et son entretien, y compris au niveau financier, est proportionnel à sa taille. À Combien de tempêtes résistera-t-il encore?

F. Dubois

 

Notes et références


 

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