mais autrement?
Façade de la gare de Calais ville en 2022
Photo © Françoise Dubois

La passerelle du Pont de l'Alma

Un titre énigmatique, une image trompeuse, en bref de quoi inciter à la lecture. Elle nous fait quoi encore cette webmaster? Et pourquoi pas nous rajouter le zouave tant qu'on y est?
Patience chers visiteurs, voici quelques explications : Calais possédait quelques années décennies en arrière, une très jolie gare centrale. Cette gare possédait une très jolie passerelle. Et cette passerelle avait une histoire, l'exposition universelle de Paris en 1889 l'avait vue naître. Notre décor est maintenant planté.

L'histoire de la passerelle

le pont de l'Alma lors de l'exposition universelle de 1889

Miscellaneous Items in High Demand, PPOC, Library of Congress, Public domain, via Wikimedia Commons 

Le 19ème siècle est celui de la révolution industrielle, charbon, pétrole, moteur à explosion, métallurgie. De fait, l'exposition de 1889 fait la part belle au fer avec en point de mire la Tour Eiffel dont la construction provoque de très vives polémiques.

Notre passerelle, dont l'architecte est M. Ch. A. Gautier et le constructeur Moisant, Laurent, Savey et Cie, s'inscrit dans la lignée en délaissant elle aussi, la pierre, le bois ou la fonte pour plus de légèreté. L'ouvrage est constitué de deux arcs de 50 mètres de portée auxquels sont reliées des tiges qui supportent la plate-forme. Plate-forme qui se trouve à une hauteur de 6 mètres du sol et à laquelle on accède en empruntant de part et d'autre, un escalier de cinq mètres de large.

Le site Worldfairs dans sa présentation des expositions universelles nous donne les précisions suivantes :
- Les deux arcs ou fermes sont à treillis ; ils sont solidement ancrés dans le sol par de robustes boulons qui traversent la maçonnerie des fondations. De plus, pour rendre bien solidaires ces deux fermes qui sont écartées de 6 mètres, on les a réunies par des entretoises et par un double contreventement.
- La hauteur au sommet des arcs est de 25 mètres an-dessus du sol, hauteur prise au-dessous de l’arc.
- Le poids total de cette construction est de 85,000 kilogrammes.
Nous apprenons d'autre part que la décoration est constituée d'écussons, de hampes munies de flammes aux couleurs variées qui recouvrent presque complètement toute la partie métallique des arcs.

Les réactions du public sont pour le moins partagées car toujours selon le même site, le livre d'or de l'exposition regorge de commentaires désobligeants comme celui-ci : "Si l'on envisage à ce seul point de vue la passerelle construite par MM. Moisant, Laurent et Savey, en face du pont de l'Alma, on ne peut hésiter à déclarer que du coup le maximum du genre a été atteint. C'est évidemment à l'usage spécial des membres des clubs alpins et des gymnastes que cette contrefaçon du pont de Hambourg a été érigée."

Pendant ce temps à Calais

Dès 1876, une partie de Saint-Pierre est annexée à Calais. Puis par une loi du 29 janvier 1885, c'est toute la commune qui est réunie à celle de Calais. Avant la réunion des deux villes, il existe à Saint-Pierre une gare située près du pont Jourdan, pratiquement donc à l'emplacement de l'actuel Technicentre Hauts de France-SNCF.
À Calais, la gare maritime provisoire du Paradis draine, elle, son content de passagers débarquant ou embarquant pour l'Angleterre.

 

Collection Françoise Dubois - Cliquez sur les images pour les agrandir

En 1889, on construit une nouvelle gare centrale avec deux façades pratiquement identiques, l'une côté Saint-Pierre et l'autre côté Calais. Viendront s'y greffer par la suite plusieurs établissements hôteliers tels que le Metropol Hotel côté Calais ou encore Le Central côté Saint-Pierre. Les voies centrales sont abritées par une magnifique verrière mais à l'usage on s'aperçoit de quelques inconvénients. En effet, impossible d'accéder côté Calais en arrivant à Saint-Pierre, et inversement, sans faire un grand détour.
La ville de Calais et la Compagnie des chemins de fer du Nord décident alors d'acheter dès décembre 1889 la passerelle qui relie l'exposition du Champ de Mars à l'esplanade des Invalides.

En 1891, notre fameuse passerelle du pont de l'Alma arrive à destination de Calais, où elle est remontée par Moisant, Laurent et Savey (les mêmes constructeurs qu'à Paris). Armand Moisant a d'ailleurs été promu en 1889 au grade d'officier de la Légion d'Honneur pour la construction du Dôme central et de ladite passerelle.

Passerelle de l'anciennne gare centrale de Calais

 

La passerelle enjambe les voies et permet désormais de passer d'un quai à l'autre en toute sécurité.

 

La guerre et ses dommages

Lors des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale, la gare est pulvérisée.

destruction de la gare de  calais pendant la guerre de 39/40

 

Le Metropol Hotel résiste et il est toujours là en 2022, la passerelle quant à elle subit quelques dommages mais résiste tant bien que mal

.Le metroplo Hôtel

collection F. Dubois

Saluons le magnifique travail réalisé par les CM2 de l'école Oran Constantine emmenés par leur enseignant Anthony Demaerel qui, avec l'aide des archives municipales et la Maison du Numérique et de l'innovation du Calaisis, ont modélisé en 3D la gare telle qu'elle était avant la guerre. Ce travail nous permet aujourd'hui de la visiter "comme en vrai".

Modélisation de la gare de Calais d'après cartes postales anciennes - École Oran Constantine Calais

[Musique]

Texte lu par les élèves

l'ancienne gare centrale de Calais

[Musique]

L'ancienne gare de Calais a été imaginée à la suite de la fusion des villes de Calais et Saint-Pierre par Sidney Dunnett, ingénieur français d'origine anglaise. Elle a été inaugurée en 1889 par le président Sadi Carnot.

Construite entre les deux villes, elle était faite de brique, de pierre, de fer et de verre. Comme les grandes gares parisiennes de l'époque, elle possédait deux pavillons d'entrée presque identiques de style néo-classique. D'un côté Calais et de l'autre Saint-Pierre pour ne pas vexer les populations.

Chaque pavillon était surmonté d'une horloge qui avançait de 7 minutes pour éviter le retard des voyageurs. ils abritaient tous deux une salle d'attente, des guichets pour la vente des billets, une brasserie, un marchand de journaux et un service de contrôle.
Ils étaient reliés par une vaste marquise en fer et en verre identique à la gare de Lille. Elle abritait les quais d'embarquement.

Sur le côté de la gare se trouvait une passerelle qui permettait de passer d'une entrée à l'autre et de relier Calais à Saint-Pierre. Elle était empruntée par les voyageurs et les calaisiens qui se rendaient à leur travail de l'autre côté de la ville.
Cette passerelle avait été construite au pont de l'Alma à Paris pour l'exposition universelle de 1889, et fut remontée à Calais deux ans plus tard.

Cette gare qui faisait la fierté des calaisiens a été détruite pendant la Seconde Guerre Mondiale.

[Musique]

 

1968 - La passerelle disparaît

En 1945, un arrêté est pris par le maire de l'époque, Jacques Vendroux, interdisant l'utilisation de la passerelle suite aux dégâts occasionnés par la guerre. Mais la passerelle est restaurée par la suite.

arche de la passerelle

source collection de journaux anciens des A.V.C

En 1967, un nouvel arrêté est pris mais cette fois pour la destruction. Le 25 novembre 1968, elle est livrée aux ferrailleurs. Le Nord Littoral, dans son édition du 30 novembre, nous précise que c'est une entreprise spécialisée d'Arras qui intervient. Elle procède au démontage de la passerelle à l'aide de découpeurs à arc, l'arc formant la partie supérieure (d'un poids de 5 tonnes) a été descendu à l'aide de treuils.

les marches de la passerelle

source collection de journaux anciens des A.V.C

Françoise Dubois

 

Références


  • site des Expositions Universelles et Internationales - Worlfairs.info
  • Rapports et délibérations / Département du Pas-de-Calais, Conseil général - Gallica
  • Gare de Calais maritime - Wikipédia
  • le Figaro : journal non politique, édition du 26 décembre 1889 - Gallica
  • La Revue diplomatique et le Moniteur des consulats - Gallica
  • L'Exposition universelle / Henri de Parville ; lettre-préface par A. Alphand, p184 - Gallica
  • Article de 1965 sur la nouvelle gare centrale de Calais - www.lettreducheminot.fr
  • Nord Littoral édition du 30/11/1968 - source Amis du Vieux Calais

 

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